mardi 8 janvier 2013

Populiste ou Populaire?


Le concept de « isme »
Je n’aime pas particulièrement les mots qui se terminent en « isme » : modernisme , capitalisme, féminisme, fascisme, racisme, pacifisme, collectivisme, tous ces centaines de mots qui se transforment en substantif, comme pour donner un ton péjoratif , plus fort , plus agressif que le terme lui-même suivant qu’il traite de la science, de la religion, de la politique , de l’art ou de la philosophie .
Je me suis donc déjà plongé dans le « isme » . Le « isme »  serait « un concept, le plus souvent idéologique, dont le nom se termine par le suffixe « isme ». Le terme permet de regrouper et donc d’analyser ensemble des notions qui seraient normalement incomparables du fait de dispositions morales ou de préjugés sociaux, par exemple le marxisme et l’olympisme…. »
Exemple qui me vient immédiatement à l’esprit : on ne peut donc comparer populisme et populaire ou féminisme et féminité.
Le populaire
A première vue, le mot populaire contient le mot «  peuple ».  Quand on dit qu’une fête est populaire, c’est qu’elle est accessible à tout le monde, et qu’elle est un lien avec le peuple. A contrario, un spectacle à l’Opéra de Paris, n’est pas au sens littéral du terme, un spectacle populaire. (…)
Comment comprendre le populisme ?
Depuis l’origine du mouvement populiste qui viendrait de l’ouvrage « le manifeste »  d’André THERIVE, en 1929, l’utilisation du terme « populiste » a semble-t-il bien évolué. (…)
Pour Patrice DERAMAIX (2002), le populisme :
c’est une mobilisation tribunicienne et protestataire des classes moyennes et populaires témoignant de l’irruption des masses dans l’espace politique
c’est un régime autoritaire et /ou semi plébiscitaire mobilisant les masses autour d’un chef charismatique et faisant l’économie de la médiation institutionnelle.
c’est une idéologie idéalisant le peuple pris dans sa dimension culturelle et sociologique et l’opposant à un « ennemi » démonisé.
-  c’est un rejet de l’expertise ou de l’élitisme faisant appel au sens commun.
-  c’est une rhétorique usant de l’argumentation ad populo, utilisant les ressources de la communication de masse.
- c’est une forme de légitimation du pouvoir apparaissant dans les contextes de crise politique engendrée par la modernisation : on valorise le peuple contre l’autorité des élites.

C’est donc beaucoup de choses. Cher lecteur, s’il y en a  j’espère, après cela vous devez avoir tout compris. Ce que je retiens en tout cas de ces affirmations, c’est que le populisme est un recours, lorsque le peuple est en rupture avec un élitisme économique incompétent,  politique pourri et corrompu,  technocratique assis sur ses privilèges, qui l’a trahi. (…)

Dans un autre article titrée «  le populisme : un concept sans théorie»  M.DORNA cerne les traits caractéristiques du populisme par les caractéristiques suivantes:
- un appel au peuple : l’appel au peuple lancé par le leader se caractérise par l’abandon de la fonction programmatique des partis politiques au profit d’une dimension affective de proximité
-  une attitude antiélitiste : c’est la valorisation du peuple contre la classe politique institutionnalisée et la dénonciation de la distance entre gouvernés et gouvernants, ces derniers étant considérés comme corrompus et avilis
-  un discours qui rejette le cosmopolitisme et l’économie libérale, autant qu’il fustige l’injustice sociale, l’insécurité, le chômage et l’immigration
-   un mouvement de masse à l’intention d’une communauté en désespoir.
-  une position de rupture avec les systèmes en place, souvent inséparable d’une exigence politique de référendums populaires
-  l’évocation des vertus innées du peuple, naïve ou manipulatrice, qui rendrait inutiles toutes les médiations.(…)

La conclusion
Mais la conclusion du dernier article  de M. DORNA est à retenir  pour équilibrer les avis :
« La renaissance du populisme depuis une vingtaine d’années signale une crise de la démocratie représentative. Elle est planétaire, donc presque inédite, et son impact psychologique médiatiquement algorithmique. Le bouleversement brusque (mais pas forcément violent) des structures sociales et politiques provoqué par la mondialisation libérale s’accompagne d’une perturbation équivalente des structures psychiques, des habitudes et des représentations. Les frustrations cumulées engendrent pas à pas une nouvelle grande déception. Les anciens ne se reconnaitraient pas dans la république triste et résignées modernes, ni dans cette société «  sociale-libérale » de plus en plus autoritaire et renfermée. D’où l’inquiétude grandissant. Au point que l’alternative est peu réjouissante : la révolte explosive ou l’implosion conformiste  »
Au vu de ces quelques exemples, on s’aperçoit que le populisme est une vision populaire de la démocratie. C’est peut-être une bonne façon de situer ces deux mots. C’est en effet la différence qui apparaît entre le populaire et le populisme lorsque le peuple perd sa représentativité dans la société.
(…)

Extrait: Journal d'un arpenteurB.GILLIER

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Khalid Baddou

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Fan du Maroc, professionnel de la Communication et Media, en cours d'initiation à la politique...