Le concept de « isme »
Je n’aime pas particulièrement les mots
qui se terminent en « isme » : modernisme , capitalisme,
féminisme, fascisme, racisme, pacifisme, collectivisme, tous ces centaines de
mots qui se transforment en substantif, comme pour donner un ton péjoratif ,
plus fort , plus agressif que le terme lui-même suivant qu’il traite de
la science, de la religion, de la politique , de l’art ou de la philosophie .
Je me suis donc déjà plongé dans le « isme » . Le
« isme » serait « un concept, le plus
souvent idéologique, dont le nom se termine par le suffixe
« isme ». Le terme permet de regrouper et donc d’analyser ensemble
des notions qui seraient normalement incomparables du fait de dispositions
morales ou de préjugés sociaux, par exemple le marxisme et l’olympisme…. »
Exemple qui me vient immédiatement à
l’esprit : on ne peut donc comparer populisme et populaire ou féminisme
et féminité.
Le populaire
A première vue, le mot populaire contient
le mot « peuple ». Quand on dit qu’une fête est populaire,
c’est qu’elle est accessible à tout le monde, et qu’elle est un lien avec le
peuple. A contrario, un spectacle à l’Opéra de Paris, n’est pas au sens
littéral du terme, un spectacle populaire. (…)
Comment comprendre le populisme ?
Depuis l’origine du mouvement populiste
qui viendrait de l’ouvrage « le manifeste » d’André THERIVE,
en 1929, l’utilisation du terme « populiste » a semble-t-il bien
évolué. (…)
Pour Patrice DERAMAIX (2002), le
populisme :
- c’est une mobilisation
tribunicienne et protestataire des classes moyennes et populaires témoignant
de l’irruption des masses dans l’espace politique
- c’est un régime autoritaire
et /ou semi plébiscitaire mobilisant les masses autour d’un chef charismatique
et faisant l’économie de la médiation institutionnelle.
- c’est une idéologie
idéalisant le peuple pris dans sa dimension culturelle et sociologique et
l’opposant à un « ennemi » démonisé.
- c’est un rejet de l’expertise
ou de l’élitisme faisant appel au sens commun.
- c’est une rhétorique usant de
l’argumentation ad populo, utilisant les ressources de la communication de
masse.
- c’est une forme de légitimation du pouvoir
apparaissant dans les contextes de crise politique engendrée par la
modernisation : on valorise le peuple contre l’autorité des élites.
C’est donc beaucoup de choses. Cher lecteur, s’il y en
a j’espère, après cela vous devez avoir tout compris. Ce que je retiens
en tout cas de ces affirmations, c’est que le populisme est un recours,
lorsque le peuple est en rupture avec un élitisme économique incompétent,
politique pourri et corrompu, technocratique assis sur ses privilèges,
qui l’a trahi. (…)
Dans un autre article titrée « le populisme :
un concept sans théorie» M.DORNA cerne les traits caractéristiques du
populisme par les caractéristiques suivantes:
- un appel au peuple : l’appel
au peuple lancé par le leader se caractérise par l’abandon de la fonction
programmatique des partis politiques au profit d’une dimension affective de
proximité
- une attitude
antiélitiste : c’est la valorisation du peuple contre la classe
politique institutionnalisée et la dénonciation de la distance entre
gouvernés et gouvernants, ces derniers étant considérés comme corrompus et
avilis
- un discours qui rejette le
cosmopolitisme et l’économie libérale, autant qu’il fustige l’injustice sociale,
l’insécurité, le chômage et l’immigration
- un mouvement de masse à
l’intention d’une communauté en désespoir.
- une position de rupture avec
les systèmes en place, souvent inséparable d’une exigence politique de
référendums populaires
- l’évocation des vertus innées
du peuple, naïve ou manipulatrice, qui rendrait inutiles toutes les
médiations.(…)
La conclusion
Mais la conclusion du dernier article de M. DORNA
est à retenir pour équilibrer les avis :
« La renaissance du populisme
depuis une vingtaine d’années signale une crise de la démocratie
représentative. Elle est planétaire, donc presque inédite, et son impact
psychologique médiatiquement algorithmique. Le bouleversement brusque (mais
pas forcément violent) des structures sociales et politiques provoqué par la
mondialisation libérale s’accompagne d’une perturbation équivalente des
structures psychiques, des habitudes et des représentations. Les frustrations
cumulées engendrent pas à pas une nouvelle grande déception. Les anciens ne
se reconnaitraient pas dans la république triste et résignées modernes, ni
dans cette société « sociale-libérale » de plus en plus autoritaire
et renfermée. D’où l’inquiétude grandissant. Au point que l’alternative est
peu réjouissante : la révolte explosive ou l’implosion conformiste
»
Au vu de ces quelques exemples, on
s’aperçoit que le populisme est une vision populaire de la démocratie.
C’est peut-être une bonne façon de situer ces deux mots. C’est en effet la
différence qui apparaît entre le populaire et le populisme lorsque le peuple
perd sa représentativité dans la société.
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